Un Remake à Tunis
Note d'Intention
Mohamed Bouazizi est vendeur de fruits et légumes ambulant à Sidi Bouzid, ville située dans le centre-ouest du pays. Fils d’ouvrier agricole, son activité de vendeur constitue le seul revenu régulier de sa famille. Ne possédant pas d’autorisation officielle, il se fait confisquer sa marchandise à plusieurs reprises par les employés municipaux. Essayant
de plaider sa cause et d’obtenir une autorisation et la restitution de son stock auprès des autorités locales, il s’y fait insulter et chasser. Le 17 décembre 2010, à l’âge de 26 ans, il s’asperge d’essence et s’immole devant le siège du gouvernorat de Sidi Bouzid. Dix-huit jours plus tard, le jeune homme meurt des suites de ses blessures, le 4 janvier 2011. Cet acte désespéré est le point de départ d’une révolte de la jeunesse tunisienne en proie au chômage, contre un système étatique corrompu et répressif. Connue sous le nom de “Révolution du Jasmin” en France, la population tunisienne préfère la nommée “Révolution de la Dignité”. Après quatre semaines de manifestations continues et de grèves générales au niveau national et malgré une répression forte des autorités, cette révolution aboutit au départ du dictateur Zine el-Abidine Ben Ali et à la chute de son régime autoritaire au pouvoir depuis 1987. Cette révolution offre entre autres aux tunisiens une liberté de parole longtemps muselée.
Manele Labidi, scénariste et réalisatrice franco-tunisienne, place l’action et l’intrigue de son premier long métrage Un Divan à Tunis au lendemain de cette révolution. Elle y dresse à travers une galerie de personnages et par le prisme de l’humour, le portrait d’une société en pleine émancipation politique et sociétale, avec ses hauts et ses maux. Alors que les jeunes tunisiens rêvent de rejoindre la France ou l’Europe par tous les moyens, parfois au péril de leur vie, Un Divan à Tunis, reflète l’expérience personnelle de Manele Labidi, traite d’une jeune binationale, Selma, qui au lendemain de la révolution fait le chemin inverse et décide de quitter la France pour s’installer comme psychanalyste dans son pays d’origine, à Tunis. Malgré des retours positifs sur ses séances de psychanalyses, elle réalise qu’il lui manque un document administratif pour s’établir officiellement : le début des ennuis. Avec cette situation faisant directement écho à l’histoire dramatique de Mohamed Bouazizi, Manele Labidi nous donne à croire que la quête administrative de Selma aboutira à une révolution non pas collective cette fois, mais personnelle, introspective, du peuple tunisien.
La première séquence sélectionnée pour notre remake correspond à la rencontre entre Selma, jeune psychanalyste interprétée par Golshifteh Farahani et Naïm un policier tunisien interprété par Majd Mastoura. Cette rencontre est celle de deux mondes : celui de Selma, jeune femme en quête d’identité cherchant à renouer avec ses racines, et celui de Naïm, policier intègre et incorruptible, visage de la Révolution, en opposition avec celui de l’ancien régime. Présentée dans un premier temps comme une possible idylle, cette rencontre se révélera par la suite conflictuelle, l’élément déclencheur du récit. Traitant d’une rivalité opposant deux regards biaisés, qui projettent l’un sur l’autre une réalité fantasmée, percluse d’a priori. L’un franco tunisien à la supériorité quasi néo coloniale, l’autre idéaliste désireux de s’affranchir de son histoire passée. La seconde séquence apporte une autre vision de cette dualité : Naïm y affirme sa figure d’autorité en rappelant à Selma que le Tunisie n’est plus ce qu’elle a été et que si elle veut s’y intégrer il faudra qu’elle le mérite en régularisant sa situation administrative.
Si ces deux séquences sont pertinentes, c’est d’un point de vue de la mise en scène et des choix narratifs. Ces deux séquences nous semblent pertinentes pour notre remake, tant au niveau de la mise en scène que des enjeux narratifs. Tout d’abord l’aspect comique apporté par cet alcootest bas de gamme soulève par l’humour un problème bien réel en Tunisie et révèle cette volonté de la réalisatrice de faire passer dans son film des messages, parfois graves, par le biais de l’humour. Aussi, la lumière utilisée dans la première séquence est forte de sens. La flamme, symbole classique du cinéma séparant et retardant un baiser entre deux amants, est ici remplacée par un gyrophare - résonnant comme un message d’alerte, il est annonciateur d’une relation compliquée entre Selma et Naïm. La seconde séquence vient confirmer cette appréhension : Naïm vient asseoir son autorité, au sens propre comme au sens figuré, s’asseyant à la place du psychanalyste pour rappeler à Selma les lois en vigueur en Tunisie. Aussi, c’est parce qu’elles traitent d’une réalité en métaphorisant la crise d’adolescence. Selma symbolise la jeunesse fougueuse pleine d’idéaux opposée à la figure paternaliste de Naïm plus terre à terre, lui rappelant la rudesse de la vie - l’administration tunisienne faisant ici office de rite de passage à l’âge adulte. Enfin, ces deux séquences se répondent entre elles par un jeu de projections. En premier lieu, lorsque Selma passe le fameux alcootest, nous sommes dans sa représentation de la réalité où elle s’imagine vivre le début d’une belle histoire d’amour. Tout y est : la musique, le ralenti, la flamme entre elle et lui, sauf que non. Le mot “Harissa”, un tantinet vexant, prononcé par Naïm vient mettre un terme à son fantasme. Ensuite dans son cabinet, elle pense pouvoir rentrer dans les clous en soudoyant Naïm, sauf que non, encore une fois. Naïm lui rend fermement son argent, part en claquant la porte et fait vaciller le portrait de Freud. Selma la psychanalyste se trompe à chaque fois. Comme le dit l’adage, c’est toujours le cordonnier le plus mal chaussé. Selma et Naïm représentent ici deux figures allégoriques : les binationaux idéalistes qui ont voulu vivre cette expérience de retour dans un pays qu’ils ne connaissent en réalité pas vraiment, et cette jeunesse tunisienne post-révolution souhaitant faire une croix sur son passé.
Les enjeux et les messages portés par la mise en scène et le jeu des acteurs dans ces séquences sont clairs, c’est pourquoi nous ne souhaitons pas trop nous en écarter. Néanmoins, pour des raisons de logique scénaristique, nous apportons quelques modifications à l’histoire. Pour rendre crédible l’arrivée de Naïm chez Selma il nous faut un élément déclencheur : lors du contrôle routier, Selma oublie de reprendre son permis et les papiers du véhicule. De cette manière, nous justifions le fait que Naïm arrive à l’improviste chez elle pour les lui restituer, ayant pris connaissance de son adresse grâce à ses papiers. De même, au début de la séquence dans le cabinet, nous supprimons et adaptons la première partie des dialogues entre nos deux personnages, ce qui nous permet d’installer le début de leur relation au sein de notre remake.
Acteurs
Sajida Hamdi
Rôle de Selma
Ali Hasniou
Rôle de Naïm
Policier 1
Maxime Antar
Policier 2
Bouzid Belmeliani
L'équipe
Kevin Antoine
Réalisateur
Ségolène Lacourte
Assistante réalisatrice
Gaal Mélikian
Monteur
Tanguy Delahaye
Chef opérateur image
Théo Reichert
Machiniste
Fanny Chaplais
Lumière
Chef opérateur son
Colin Busnel
Rudy Monrosty
Assistant son
Régisseuse
Claire Feldmann
Julien Lemetayer
Perchman
Bastien Huou
Régisseur
Making of
Réalisation : Florian Sanchez
Storyboard
Scène 1
Scène 2
Lieu / Décoration
Diocèse
de
Saint-Brieuc
Matériel
Image
- Blackmagic Pocket 6K
- Optique Samyang 16, 35, 50, 85
- 2 SSD T5
- Blackmagic video assist
- 5 Batteries V-lock
- Cross épaule
- Trépied
Son
- Kit Micro Sennheiser K6 (Cardio, Hyper
Cardioid)
- 2 Kit Micro Cravate Sennheiser G3
Perche + suspensions + windjammer
+ rycote
- Mixette Sound Device 302
- Enregistreur Tascam Dr 70d
- Casques
- Cables XLR (x5)
- Piles + Chargeur
- 2 panneaux LED
- 2 panneaux LED avec softbox
- Kit Dedolight
- Gélatines
- Réflecteur
- Pieds de lumière lourds et légers
- Batteries et chargeurs
- Multiprises, rallonges et enrouleur
- Taps noirs pour occultation des fenêtres
Lumière
Photos de tournage
Séquence orginale
Remerciements
Remerciements
Un Remake à Tunis c’est avant tout une équipe soudée qui s’est mobilisée avec passion autour d’un beau projet commun.
L’équipe d’Un Remake à Tunis tient à remercier l’ensemble des personnes ayant participé de près comme de loin à l'élaboration de ce projet. Nous sommes très reconnaissants de l’engagement de chacun. Grâce à vous tous nous avons vécus une expérience mémorable et qualitative qui restera un moment de partage et de passion commune.
Merci à la Licence Professionnelle TAIS-CIAN et la faculté de Rennes II d’avoir rendu cela possible. Merci aussi au Diocèse de Saint Brieuc pour nous avoir ouvert leurs portes et de nous avoir accordé leur confiance. Cette générosité nous a permis de tourner dans les meilleures conditions possibles et nous en sommes très reconnaissants.
Nous remercions également Gwenn Liguet et le service du CREA pour nous avoir prêté du matériel. Merci à Lucie Hardoin, Pauline Burguin et Jean-Marc Loisil pour leur aide pédagogique et leurs soutiens lors du tournage. Et enfin, merci à Denis Le Paven et à Henry Puizillout pour nous avoir accompagné durant les étapes de post production.